Chambre 108

Revue de presse

Chambre 108 ÛÛÛ


Lors d'un séjour à l'hôpital, se souvenir du numéro de sa chambre est, paraît-il, plus important que de se rappeler son propre nom. C'est néanmoins ce qu'essaie de faire croire l'infirmière, un tantinet provocante, aux deux patients qui partagent la chambre 108. Bertillon est un vieux grincheux, malade imaginaire et solitaire. Renoir, anxieux chronique et pressé de sortir avant même de pénétrer dans sa chambre attend impatiemment les résultats de ses examens. Au milieu, tel un arbitre, l'infirmière compte les points de façon franche mais néanmoins, attendrissante. L'interprétation de Bertillon, plus vraie que nature, est remarquable.

Le ton est souvent drôle et juste. Enfin, le texte aborde, bien sûr, le sujet de Sa maladie d'une manière libre mais utile.


Le Contadin Juillet 2007

O.E

Visite dans une chambre d'hôpital que G.Aubert transforme en un huit clos baigné d'humour noir.


    Dans un décor au design inquiétant, deux lits surprennent la cohabitation forcée de deux hommes qui n'ont en commun que leur angoisse tapie au fond de leurs entrailles. Le plus âgé s'installe dans sa maladie comme on se vautre dans un canapé moelleux pour échapper à la solitude; le plus jeune, la trentaine triomphante, frémit face à la menace d'un hypothétique cancer. Il attend le résultat d'analyses d'un pancréas capricieux...

Arbitre de leurs différents, une accorte infirmière, que la vie malmène à sa façon, débite des flots de phrases qui, loin de réconforter les patients, réveillent leurs malaises.

Gérald Aubert a compris que dans ce “no man's land” qu'est une chambre d'hôpital, lieu transitoire où l'on ne fait que passer (pour guérir ou pour mourir), toutes les Inhibitions fondent quand rôdent la maladie ou la mort.

Ces trois personnages dissolvent leurs tracas en tragédies qui nous rendent autistes. Il construit des dialogues grinçants.

Loin d'installer un climat pesant, il saupoudre son propos d'abondantes répliques fort drôles. Rire pour calmer le crabe qui ronge les corps. Rire pour se moquer de l'injustice de la maladie qui frappe n'importe où, n'importe comment. Rire pour oublier qu'on n'a "jamais fait un cercueil à deux places" comme dit la chanson. Et pleurer des larmes apaisantes.

Frédéric Beaumont dirige, avec sensibilité, trois comédiens au métier sûr qu'on a déjà applaudi dans "Comédie sur un quai de gare" et dans "L'Affrontement" (toujours à l'affiche dans cette édition 2007 au Théâtre des Lucioles). Chacun joue sa partition avec tout l'égoïsme dont nous sommes capables, surtout dans le malheur, mais en accord total avec ses partenaires. Cette "Chambre 108" nous permettra peut-être de mieux écouter l'autre, sur un palier, dans un coin de rue, ou sur un lit. D'hôpital ou non.

La Marseillaise (07 juillet 2007)

JLC

 
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